On avale les infos, on les digère...avant d'en ingurgiter d'autres ; entre, on prend du bon temps avec les copines.
Parce que la vie continue. La mort en fait partie, j'ai mis du temps à le réaliser. Avant le décès de ma maman, je n'y pensais jamais, à la mort. Déjà, c'est un moche mot. C'est comme les choux. Ou les épinards. Ou encore la langue de boeuf. J'ai toujours préféré le mot vie. Plein d'énergie. Une dame de la famille vient encore de nous quitter cette nuit : la tante de ma maman. Elle avait 88 ans et un cancer des poumons.
Les tests génétiques (deux prises de sang et résultats au bout de 3 mois en oncogénétique) permettent aujourd'hui de savoir les choses si on le souhaite, et d'agir en conséquence, toujours si on le souhaite. Les choix et décisions sont très personnels et rarement faciles à prendre. J'ai grandi avec la phrase "Mieux vaut prévenir que guérir", et ce par quoi ma maman est passée me conforte dans cette idée. Tout peut arriver en parallèle et le risque zéro n'existe pas, mais je suis arrivée à un moment de ma vie, après une forme de déni, où je suis peut-être encore davantage prête à tout affronter, en connaissance de cause. J'ai toujours exprimé ce que je ressentais comme un exutoire, je continuerai de le faire. Pour moi, car garder les choses en soi gangrène. Mais aussi pour les autres, car ça fait plus de 30 ans que je cohabite avec le crabe et je trouve encore et toujours qu'on communique très mal à son sujet.
J'ai déjà pas mal réfléchi à mon choix d'ablation prophylactique bilatérale, nom savant qui fait référence à une intervention chirurgicale préventive réalisée en l’absence de cancer. Par contre, je n'ai pas encore pensé à la manière de le faire. En effet, il y a plusieurs techniques possibles, qui demandent mûre réflexion. Dans le parcours que j'entame, rendez-vous est pris pour une IRM mammaire, suivie d'une mammo en septembre. En octobre, on fera le point sur les résultats et on planifiera les différentes opérations. Entre-temps, je vais prochainement me renseigner auprès de 3 chirurgiens plasticiens dont les noms m'ont été donné par l'équipe qui m'accompagne. Et si je le désire, je peux discuter avec la psy de l'équipe, présente tout le long de ce drôle de cheminement.
Jusque-là, je n'ai jamais voulu de matière étrangère dans le corps. Que ce soit un Tampax quand j'étais ado qui me mettait très mal à l'aise quand je m'asseyais (et oui, pourtant, je vous assure je le mettais bien) ou plus tard un stérilet, j'ai toujours pensé qu'introduire quelque chose de pas naturel n'apporterait que des problèmes. Et je n'ai jamais compris comment on pouvait passer sur la table d'opération, avec anesthésie générale et tout ce que cela comporte de risques, pour le plaisir d'avoir "une plus belle poitrine"...faite de silicone, et qui peut se dégonfler, se casser ou pire...Mais chacun fait ce qu'il veut après tout. Et si ça se trouve, je vais y passer aussi. Bon, pas pour le plaisir, pour le coup.
Ici, je suis donc confrontée à 2 possibilités après ablation : reconstruction mammaire ou pas. Prothèse ou lambeaux de peau et graisse prélevés sur le reste du corps. C'est un vrai choix. A ne pas prendre à la légère. J'échange avec la famille, les copines. Je lis des témoignages sur la toile. J'attaque quelque chose de nouveau pour moi là. Ce n'est pas rien. Je pense à toi, maman. Tu n'as pas fait l'ablation du sein, mais tu l'as fait au niveau des ovaires.
Je sais que quoique je décide, je le ferai pour être mieux, pour me sentir bien. C'est entre mon image et moi.
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