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Photo du rédacteurLadyBaroudeuse

Nom de code : BRCA1 (c.5137delG)

Dernière mise à jour : 31 juil.

Brainstorming.


Un tas de mots me viennent en tête.


Transmission. Recul. Maturité. Hommage. Prévention. Guerrière.


J'avais une (mal) chance sur 2. Deux femmes sur 1000 l'ont. Ma maman l'avait. Je viens d'apprendre que je l'ai aussi.


Je ne savais pas comment commencer mon podcast. Maintenant je sais.


J'ai le gène BRCA1. BRCA pour BReast CAncer. Les mots sont lâchés.


J'avais pris un mois complet de congé le mois dernier, comme si j'avais senti la chose venir.


Depuis le départ terrestre de ma maman il y a un peu plus de 1 an, suite aux effets secondaires des traitements des 2 cancers successifs (sein et foie) qu'elle a contracté à l'âge de 35 ans (j'en avais 16), plus rien dans ma vie n'est pareil. Elle avait 66 ans. C'est jeune. Mais elle avait le coeur et le corps d'une dame de 90 ans.


Sa maman est également décédée des suites du cancer jeune, ainsi que 2 de ses 3 soeurs et son frère.


J'ai grandi avec le cancer. Il m'est familier. Il n'y a jamais eu aucun tabous dans ma famille concernant la maladie. Ma maman m'a directement dit les choses, simplement, en prenant soin de m'épargner à certains moments, comme lorsqu'elle m'a raconté bien plus tard qu'elle souffrait le martyre après une chimio, alors qu'elle continuait à travailler. Vertiges, vomissements, pertes de mémoire et de repères, prise de poids, perte de cheveux, étaient son lot quotidien. Mais jamais, jamais, jamais, je l'ai entendue se plaindre. C'était une lionne. Une vraie.


De ses 35 à ses 40 ans, ma maman en a donc sacrément bavé. Elle qui n'avait déjà pas eu une enfance heureuse, mais qui avait cependant réussi pendant quelques années à garder en équilibre un foyer malgré tous les manquements. Elle revenait de loin mais avait cette rage de vivre peu commune.


Des larmes coulent. Evidemment. Pas de tristesse. Ou si. Non. C'est un subtil mélange. De peine, de colère, de sentiment d'injustice. Pourquoi moi ? Pourquoi nous ? On a déjà tellement de batailles derrière nous...C'est comme si on devait sans cesse surpasser, dépasser, défier, les forces qu'on avait jusque-là. Je dis "on". Encore. Mais je suis seule, désormais. Je ne m'y ferai jamais, je crois.


De ses 40 à ses 50 ans, ma maman a été considérée comme guérie. Entre gros guillemets. Très gros. Car on ne guérit jamais vraiment du cancer. De deux encore moins. Et du foie, si on survit, c'est un miracle. Ma maman a donc été cette miraculée. Jusqu'à ce que son corps s'atrophie, petit à petit. Son système immunitaire est devenu défaillant au fil des ans à cause des traitements, autant bénéfiques que nocifs pour l'organisme. Elle a commencé à maigrir, à avoir des petits puis des plus gros bobos, et à être un oiseau pour le chat, même si son mental restait intact. Je ne réalise que maintenant qu'on a toutes les deux toujours continué à faire comme si de rien n'était. Elle consciemment, moi beaucoup moins. Je ne voulais pas voir. Je ne voulais pas savoir. J'avais la tête dans le guidon et les mains dans le cambouis de la famille monoparentale que je tentais de construire et de tenir à flot. Oui, j'étais dans le déni. Au point de ne plus aller chez le gyné pendant 10 ans. Vous avez dit trauma ? Dans quelle case mettre la place de l'aidant lorsqu'on n'en est même pas conscient ?


BRCA1, donc. Je refuse obstinément de subir et de faire subir tout ce qu'on a enduré ma maman et moi ces 15 dernières années. Et bien plus elle que moi. Si je joue la fataliste, ça mettrait mon fils à ma place et moi à celle de ma maman. BRCA1 = entre 60 et 90% de malchance d'avoir le cancer du sein, des ovaires et/ou de l'endomètre. Merci. Mais non merci. C'est vrai, jusque-là, je ne le savais pas. Si j'ai deux nodules bénins dans le sein gauche et des fibromes utérins, je n'ai rien de cancérigène. Mais je peux développer un cancer n'importe quand.


Si je regarde le taureau bien dans les yeux, deux choix s'offrent à moi : contrainte pécunière, physique et psychologique de 3 tests de dépistage tous les 6 mois (écho, mammo, IRM). Sachant que la mammo radie le sein. Ou ablation des seins (mastectomie) et des ovaires (ovariectomie) de manière préventive.


Mon choix est fait. Mon dossier commence à se constituer. Des rendez-vous se prennent. Une équipe se forme autour de moi.


Ma maman était commandant-adjudant-chef, ascendant capitaine.


Je ne serai pas moins.


A suivre ...



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