J'ai commencé à manier la plume différemment de tout le monde à l'école primaire. J'avais créé alors deux sortes d'écriture : l'une, à peine lisible, pour écrire en classe les cours dictés par mes professeurs, l'autre, plus soignée, plus littéraire, avec de belles formes. Ronde et penchée, comme si j'écrivais avec un encrier. J'ai d'ailleurs toujours été fascinée par la plume et l'encrier d'autrefois. Je considérais l'une comme étant brouillon, l'autre comme étant l'écriture parfaite. Et j'associais chacune des écritures à l'idée que je m'en faisais. Mon professeur de morale, qui avait un certain âge, qui vendait les chicons de son jardin et que je respectais énormément, a alors fait remarquer à mes parents que je savais bien manier les mots.
A douze ans, j'ai écrit ma première nouvelle ; l'histoire d'une adolescente rêveuse, Alexia, qui me ressemblait étrangement.
Ensuite, j'ai tenu un journal, comme toutes les filles de mon âge. Avec, intégrés, des mots des parents, des amis, des dessins, tout ça tout ça. Et depuis, je n'ai jamais arrêté d'écrire. Mes états d'âme, mes cris, mes joies, mes peines, mes amours, ma famille, mes amis, mes emmerdes. Du texte. Des poésies. Des chansons. Des mots et des maux. Démo qui sort de l'ordinaire, pas Tupperware, car je ne vends rien. Si ce n'est parfois mon âme. Aux diablotins. Consciemment, inconsciemment, peu importe. L'important est ailleurs. Les paroles s'envolent, les écrits restent.
"L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit, et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie." Marguerite Duras
Il ne faut pas prendre à la légère les passions d'enfant qui se profilent tôt dans sa vie, voire très tôt. Car elles persistent si on essaie de les étouffer, et refont toujours surface aux moments-clés de l'existence. Une passion, on la reconnaît au côté viscéral, presque animal, incontrôlable qu'elle a et aux états dans lesquels elle nous met. Elle rend fébrile. Fou. Ingérable. Une passion, c'est un besoin, de l’adrénaline, un manque, un talent qu'on développe, quelque chose qui fait partie de soi comme chacune des parties du corps. C'est un moteur. Sans elle, on fane et on se meurt. A chaque fois que j'ai voulu faire l'autruche, je me suis retrouvée le bec dans l'eau.
Il y a tout juste quinze ans, j'ai commencé un blog. Sur Skyrock. Puis sur Skynetblogs. Et en parallèle, j'ai créé un espace sur Myspace.
Jusque là, j'ai toujours refusé de parler à la première personne. Après un certain nombre d'années d'auto-analyse, de remises en question, de questionnements, d'observation, d'écoute et de discussions, je dirais que, si toutes ces années j'ai choisi de m'effacer, par crainte de la lumière, par peur de la réalité et par pudeur, j'éprouve désormais le besoin, non pas de me mettre en avant, mais de ne plus gommer systématiquement les scènes de ma propre vie. Car comme a très bien écrit Boris Vian : "Je ne dois pas gagner ma vie, je l'ai".
J'ai toujours eu cette personnalité en tiroirs, qui compartimente assez bien mes pensées, mes différentes casquettes, la hiérarchisation de mes connaissances, collègues et amis, et mes priorités. Skyrock, c'était pour les photos de vacances (que je remaniais via Photofiltre, ancêtre gratuit de Photoshop), Skynetblogs pour l'éventail de créativité que la plateforme offrait et Myspace était l'espace des artistes (musiciens, chanteurs, photographes, écrivains, ...). J'ai jonglé ainsi avec ces trois espaces qui m'étaient gratuitement et gracieusement prêtés pendant des années, alors que la génération z apprenait à peine à écrire, jusqu'à ce que les choses évoluent sur la toile et dans ma tête. Depuis, j'ai testé Wix, Wordpress, Facebook, Instagram, Tweeter, Linkedin et Pinterest où je suis toujours active, pour des raisons et des groupes cibles différents, avec une belle palette d'outils.
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