"Un texte est composé d'une forme, d'un contenu et d'un sens. Les gens ordinaires s'arrêtent à la forme. Les gens intelligents comprennent le contenu. Et les Sages en saisissent le sens." Mikhaël Aïvanhov
Nostalgique, je me souviens. En 2007, Mark Elliot Zuckerberg s'est fait connaître en Belgique, Facebook était tout nouveau, tout beau. Très curieuse, je me suis inscrite sur ce réseau social dès sa sortie, car j'étais déjà assez présente sur la toile comme blogueuse. J'ai bien dû refaire mon profil deux fois, hackée par un cheval de Troie à plusieurs reprises, mais ça ne m'a pas arrêtée. J'ai testé et j'ai tout de suite adhéré. On se faisait alors un plaisir non dissimulé de ressortir nos vieilles photos de nos caisses remontées de nos caves et on les scannait, on testait tous les jeux et les émoticônes possibles, on échangeait et on recontactait les vieux potes d'école comme si on les avait quitté la veille. Le virtuel venait au secours du réel, comme vrai outil de liaison. Mark a surfé intelligemment sur la vague et a fait en sorte de mettre en un seul endroit tout ce dont on avait besoin sur internet : messages instantanés écrits, vidéo ou audio, partages de posts et de photos avec le monde entier, rédaction d'articles, de commentaires, applications, rencontres, créations de comptes pro, formations et informations en tous genres. Tout-en-un. Jusqu'à l'overdose. Les années ont passé, le soufflé est petit à petit retombé. On s'est lassé.
"Dans un monde où tout le monde donne son avis sur tout, le silence et la réserve apparaissent comme deux formes d’élégance". Chiara Mastroianni
Depuis, on part, on revient. On active, on désactive son compte. On reste. Pour le noyau de personnes qui nous ressemble. Parce qu'un recruteur pourrait trouver suspect de ne pas pouvoir être googlelisé. Parce que les habitudes ont la vie dure.
Facebook suscite aujourd'hui systématiquement d'interminables débats après chaque publication, privée ou publique. Les photos sont toutes retouchées. Il s'y trouve peu de véritables discussions et réflexions, beaucoup de vraies fautes d'orthographe et de mystiques plans de drague ; le réseau se voulait léger comme un rassemblement d'amis, il est désormais lourd comme une réunion professionnelle. On ne peut plus rien y poster sans être fustigé, on s'y sentait libre, on s'y sent maintenant prisonnier. De la bêtise humaine. De la méchanceté gratuite. D'une hypocrisie sans nom. Et de mensonges et propagandes en tous genres. De là à dire qu'il est le reflet de la société, il n'y a qu'un pas. Twitter est trop étroit pour moi en plus d'être la plateforme com. du monde politique. Il me fallait à nouveau autre chose que le côté social des réseaux. Une bulle humaniste, sans présence malsaine et intrusive. Un authentique instrument de communication de masse. Un repli sur soi, une réouverture vers l'autre, autrement. Wix s'est présenté à moi. Et ça me va.
L'écriture, comme l'être humain, subit différentes mutations. Elle s'adapte à notre état d'esprit, fait le caméléon au besoin, et construit son propre cheminement. Le langage change, les lettres grandissent et les mots gagnent en maturité.
Mon journal intime, dans lequel je prenais soin de ne jamais utiliser le "je", s'est ainsi transformé en projets de livre, puis en chroniques sur le thème des sept péchés capitaux pour se terminer dans la corbeille virtuelle un jour où j'ai estimé avoir extirpé de mes entrailles tout ce que je devais et je n'avais plus rien à dire. A ce moment-là.
Se taire. Pour mieux crier ensuite.
"Mon passe-temps favori, c’est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps". Françoise Sagan
J'ai bien l'impression qu'il faut réapprendre les bases.
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