Boulevard Prince de Liège, Anderlecht (Bruxelles), années '80. Avant que tout ne bascule, mon enfance. Flashback. On avait un grand appartement 3 chambres avec terrasse à l'arrière et soleil plein sud dans un quartier résidentiel. Enfant unique, quand je n'étais pas à l'école et mes parents au travail, je jouais avec eux au backgammon, au Mille bornes, au Scrabble, aux chevaux ou aux cartes. J'avais tissé des liens avec ma voisine du 1er étage de l'autre colonne ; elle avait un an de moins que moi, et j'allais désormais l'appeler ma petite sœur, tandis que j'habitais au deuxième. De nos 6 ans à nos 20 ans, dès qu'on en avait l'occasion on était ensemble ; on allait partout avec nos deux pieds avec plaisir, on s'échangeait des jeux, des affaires, des vêtements. On parlait et on chantait. On riait. On écoutait de la musique. Quand on ne se voyait pas, on communiquait par posts-it collés sur nos portes ou via la terrasse. Je me souviendrai toujours avec nostalgie de la "Saga Africa" qu'on a dansé devant les garages, en faisant éclater des ballons d'eau, le tuyau d'arrosage à la main, de cette insouciance, de cette innocence, de cette spontanéité, de ce temps, hors du temps.
Je chéris ces souvenirs. Sans internet. Avec seulement quelques chaînes télé. Une hifi avec un tourne-disques, une cassette double deck et des gros baffles. Et nos têtes remplies d'idées, de créativité et de légèreté.
2020. Confinement : jour 23. Cela fait une décennie que je sens que les choses ont vraiment changé. Les gens sont physiquement, psychologiquement et psychiquement davantage malades. Ils ne communiquent plus ou très mal entre eux, ils ne s'amusent plus vraiment, beaucoup se croient sortis de la cuisse de Jupiter et ignorent ce qu'est le respect ; ils n'ont pas les compétences requises pour pouvoir surmonter n'importe quelle situation : que ce soit privé ou professionnel, il y a de plus en plus d'assistés alors que le marché est inondé de diplômés. Il n'y a plus de chef au sens strict du terme, ni d'esprit d'équipe ni d'ambiance au travail. Par contre, des jeunes arrogants il y en a à la pelle. Les gens parlent beaucoup mais n'agissent pas, ils exigent des autres ce que eux-mêmes ne maîtrisent pas. Les enfants agacent leurs parents, comme s'ils n'étaient pas désirés, comme s'ils étaient de trop, comme si il fallait faire comme tout le monde, sans pouvoir en prendre la responsabilité. Les médias nous bombardent de mauvaises nouvelles et nous manipulent, tout le monde se proclame expert en tout mais ne tranche pas et n'assume rien, tout va dans tous les sens, sans en être pourvu. Le covid-19 remet les choses à leur place, mais en partie seulement. Une belle solidarité s'est développée et la toile revêt son 1er bleu de travail. Mais...
- Le prix du diesel est à 1,15€
- Les écoles sont fermées depuis 4 semaines
- Il y a des lignes à l’intérieur des magasins pour distancer les gens
- Les magasins et entreprises non essentiels sont fermés
- Les parcs et lieux de promenade ne sont pas accessibles aux rassemblements de personnes
- Toutes les compétitions sportives sont annulées
- Les concerts, festivals, événements de divertissement sont annulés
- Les mariages, célébrations de famille, rassemblements de vacances sont annulés
- Les églises sont fermées
- On ne peut fréquenter personne en dehors de chez soi
- Les parcs de jeux extérieurs pour enfants sont fermés
- Nous devons nous éloigner les uns des autres à plus d’un 1,50m
- Il y a pénurie de masques et de gants dans les hôpitaux
- Il n’y a pas assez de respirateurs artificiels par rapport aux nombres de personnes qui en ont besoin
- On ne trouve pas tout ce qu’on vient chercher sur les étagères des supermarchés, des produits de première nécessité manquent
- Les gouvernements ferment les frontières à tous les voyages non essentiels
- Des amendes sont établies pour ceux qui voudraient enfreindre ces règles
- Les routes sont presque vides
- Les gens ont peur de sortir de chez eux
Demain...Plus rien ne sera plus jamais comme avant. En dehors du voyage spirituel effectué par les plus avertis, partout ailleurs ce sera pire. Ce que d'aucuns prennent pour des vacances forcées est un leurre.
"Ce n'est pas le plus fort de l'espèce qui survit, ni le plus intelligent. C'est celui qui sait le mieux s'adapter au changement". Darwin
Je vais me racheter une platine et jeter ma télé. Je vais recommencer à danser le matin au réveil. Je vais être très attentive à être là où je dois être, avec les bonnes personnes, la bonne équipe, où l'humain est mis en avant, reconnu et respecté comme tel.
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