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La pluie mouille le zèbre mais n'efface pas ses rayures 

Dernière mise à jour : 3 mai 2020

Avant le confinement (sur ordre du gouvernement), peu le savaient, mais, sur prescription médicale, j'étais confinée déjà depuis quelques mois. Au terme de burn-out, je préfère celui d'épuisement ou de charge mentale et émotionnelle. Car le burn-out est lié au monde du travail, tandis que l'épuisement est un tout : à un moment, à force d'être (ou de vouloir être) sur tous les fronts à la fois et en même temps, le corps et l'esprit lâchent.


C'est mon 3ème épuisement en 20 ans. Le premier est arrivé sans s'annoncer alors que mon fils avait plus ou moins 2 ans, le second 10 ans après et depuis je suis davantage à mon écoute...Quand bien même, ça n'a pas suffit. Alors que je pensais pouvoir le devancer et l'évincer, il s'est insidieusement insinué à l'insu de mon plein gré.


Mon parcours, je le connais. Mon caractère, je fais avec. Mon corps, je me suis faite une raison. Et pour tout le reste, je donne tout à Epicure. Mais alors, qu'est-ce qui cloche chez moi ?


Cette fois, j'ai pris le temps d'aller en profondeur, ailleurs. Mon passé, je l'ai écrit, mangé, digéré, régurgité...balayé, nettoyé et rangé. Lui et moi, nous sommes en paix l'un avec l'autre. Le monde, même si il me donne du fil à retordre, je sais que je ne le changerai pas. Je mets ma pierre à l'édifice de la solidarité dès que je le peux, avec mes armes et mes moyens et je compose avec tout le reste. Ce n'est pas chose aisée, mais j'y arrive, je crois.


Certaines phrases m'ont interpellées ces dernières années et aujourd'hui elles font écho en moi : "C'est dingue, je ne comprends pas pourquoi, depuis que tu es petite, tu te mets en retrait de cette façon, alors que tu as tout pour toi", de la bouche de ma maman. Plusieurs ex m'ont ainsi dit dans le même ordre d'idées :"Tu as un énorme potentiel et tu ne l'exploites pas, c'est dommage...". Un possible amant m'a dit un jour :"Tu ne serais pas HP toi ?". Puis récemment une collègue me disait : "Tu ne dois pas être si sensible ; prends de la distance !"....Comme si on pouvait contrôler et changer notre degré de sensibilité ! Vous pouvez changer la couleur de vos yeux sans lentilles ou de couleur de peau sans UV vous ? Moi pas.


“Nous vivons de plus en plus dans l'oubli de l'être. Reconstituer cette sensibilité à la vie, cette attention aux coïncidences, tel est aussi le sens du roman.” Milan Kundera

Je me suis souvent sentie différente. Comme tout le monde. Puisque chacun est unique. Oui, je sais que je capte très vite les choses, je les comprends et je les intègre, pour autant que ça m'intéresse vraiment. Le reste, j'ai tendance à le reléguer au placard car je sais qu'il ne m'apportera rien ou pas grand chose. Je m'ennuie très vite dès que je n'apprends plus. Je suis très intuitive, ce qui fait dire à mon fils que je suis médium, je ne me suis jamais trompée sur ce que je pensais d'une personne ou d'une situation jusqu'ici et sans me sentir marginale, j'ai toujours eu le sentiment de ne pas être complètement à ma place ou alors pas très longtemps, perturbée par des parasites extérieurs. Ou intérieurs...


J'ai toujours préféré l'ombre à la lumière pour ce qui est de montrer qui on est. J'observe et j'analyse avant de parler et d'agir. Et je suis une extravertie introvertie car j'aime autant mes moments de solitude que mes moments de sociabilité. L'humilité est la première chose que j'observe chez quelqu'un. Alors que je préfère le soleil à la nuit dans la vie de tous les jours. Quoique. J'aime les deux. C'est pour cette raison que je suis une très petite dormeuse : je veux profiter de tout ce que je peux, tant que je le peux. On dormira quand on sera mort. Oui mais.


Tout est une question de sensibilité. Chacun a la sienne. Forgée par l'éducation, le parcours ou innée.


Je me suis penchée sur celle qui est là, ancrée en moi, empathique puissance dix mille, perfectionniste, parfois encombrante et qui, quoique je fasse, reste ce qu'elle est, en toutes circonstances.


J'ai commencé à lire des articles sur le sujet sur la toile, dans des groupes sur les réseaux sociaux et partout où je pouvais. Très vite m'est apparu le terme "d'hypersensibilité" car je me reconnais en tous points dans sa définition.




J'ai presque 45 ans et je découvre une grande partie de ce que je suis... Malgré mon mental de guerrière, malgré ma volonté téméraire de ne rien montrer ni de ne rien lâcher et de ne pas m'arrêter à des coups de mou, des larmes, des faiblesses, ... Car ce n'est pas parce qu'on est hypersensible que ça nous rend moins fort, moins apte, moins capable ou moins compétent. C'est même plutôt le contraire. Car la sensibilité est un faux ami, comme en anglais. Etre sensible n'est pas pleurer comme une madeleine du matin au soir, être sensible, c'est surtout et avant tout être en permanence à l'écoute de tout : des gens mais aussi du monde et de l'environnement qui nous entourent. Etre sensible c'est capter tout ce qui est possible sur terre : les bruits, les émotions, les couleurs, les sensations, les non-dits, ....tout. Tout. Les sens sont exacerbés et dépassent largement ce qui est évident. Le cerveau n'est donc jamais au repos. D'où la fatigue. Émotionnelle en premier. A laquelle vient se greffer tout le reste.


Très vite, j'ai lu qu'on liait souvent l'hypersensibilité et la haute potentialité. C'est-à-dire un QI entre 100 et 160. De prima bord surprenant, mais en décortiquant pas tant que ça puisque si on est sensible au monde à ce point, c'est que forcément le cerveau fonctionne plus que la normale et qu'il n'est jamais rassasié. Et doubler ou ne pas être universitaire ne sont pas des critères : être instruit ne veut pas forcément dire être intelligent.


De fil en aiguille, j'ai fait des rapprochements, des ponts, des connexions ; j'ai fait différents tests et je suis effectivement ce qu'on appelle dans le jargon une HP. Ou une zèbre. C'est génétique, j'ai donc hérité de cette particularité sans le savoir, ...et il se trouve que mon fils l'est aussi et lui en a pleine conscience.


"Ce que nous évitons de reconnaître en nous-mêmes, nous le rencontrons plus tard sous la forme du destin". Carl Gustav Jung

Ça change quoi ? Pour les autres, rien. Pour moi, ça ouvre des portes sur un tas de choses dont je n'avais pas conscience jusqu'ici et ça m'ôte un énorme poids des épaules.


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