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Photo du rédacteurLadyBaroudeuse

Refuge

2019-2024. Cela fait 5 ans que le Covid est entré dans nos vies...Qu'il (ou elle...?) a littéralement chamboulé nos vies. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, c'est comme si une décennie était passée. Mais où est donc allé ce temps ? Il y a eu tellement de changements, positifs, mais négatifs aussi. Il y a désormais un avant et un après, au niveau technologique (les QR-codes sont apparus, les paiements sans contact,...), et au niveau sociétal. On fait plus de télétravail et de shopping en ligne. Depuis le port des masques et l'administration des vaccins, tout est complot et fait polémique, divisant davantage la société. Les dépressions ont explosées, en même temps que l'individualisme et la négativité collective.


On se pense plus libre, alors qu'on l'est moins.


Depuis que j'ai quitté l'appartement de ma mère pour voler de mes propres ailes à l'âge de 22 ans, après un essai non concluant à 16, j'ai toujours vécu dans des espaces relatifs à mes moyens de mère célibataire, c'est-à-dire assez petits. Cosy, mais minis.


A 16 ans d'abord, lasse de l'ambiance conflictuelle à la maison et de ne pas être comprise par mes parents, j'ai essayé de cohabiter avec une copine que j'avais connue aux louveteaux. Je travaillais chaque samedi comme étudiante, on était déjà parties en camp (éplucher les patates, faire des raids et des jeux de pistes ensemble, c'est un apprentissage de la vie en communauté), on allait à la salle de sport ensemble et on s'entendait bien. Oui...et bien non. Vivre avec quelqu'un suppose beaucoup de choses...sauf de l'égoïsme. Je payais et assurais ma part du contrat...mais voir des étiquettes sur chaque produit dans le frigidaire et faire comme si elle habitait seule...ça m'a très vite agacé.


Je suis alors revenue chez mes parents, mon lit sous le bras. A 17 ans, j'ai été en couple, ce qui m'a permis durant les années suivantes d'être le moins possible à la maison ... jusqu'au jour où la fameuse goutte d'eau m'a définitivement décidée à vivre la vie que je voulais.


Premier flat. Coup de cœur. Dans le sud de Bruxelles, alors que j'avais toujours vécu dans le nord. Grand écart volontaire et nécessaire pour s'affirmer, grandir et se construire. Être libre.


Premier pas de côté et pas des moindres : alors que mon couple fonçait dans le mur faute de vraies affinités et partages que mettaient en lumière ma maturité grandissante, je me suis retrouvée enceinte et surprise de prendre des décisions qui allaient bouleverser le reste de mon existence.


S'en sont suivis plusieurs déménagements : mon budget n'était pas élastique, l'insalubrité frôlait souvent les limites, l'arnaque faisait loi et la débrouille était ma foi.


Au fur et à mesure qu'on avance dans la vie, on mûrit forcément et on se rend compte à un moment qu'on a fait de sacrés sacrifices. Sacrifice. Le mot est lâché. Et pourtant je ne le trouve pas juste car pour moi ce mot n'existe pas, même si la chanson d'Elton John raisonnera toujours en moi, grâce à ma maman. C'est une évidence de s'oublier au profit de son enfant. Ce n'est pas quelque chose qui se réfléchit, on agit et puis c'est tout. On voit et on fait le plus important. Les priorités sont chaque matin devant la porte et il faut les assumer.


Pour moi louer un appartement une chambre et en faire celle de mon fils n'était pas seulement une obligation et un devoir mais quelque chose qui allait de soi. Jamais je ne me suis posé la question : mon canapé a toujours été mon lit.


On a fonctionné comme ça jusqu'aux 18 ans de mon grand. Puis, en même temps qu'il se réveillait sur le monde, il a réalisé que pendant toutes ces années je n'ai eu ni espace ni intimité. Ce qui ne me dérangeait pas moi d'un coup le chagrinait, lui.


De fil en aiguille, de discussions en véritables débats, il n'a pas souhaité continuer d'études supérieures, il a commencé à travailler pour moins devoir compter et de son propre chef pour m'aider.


Aujourd'hui, il vole de ses propres ailes depuis le départ de ma maman, parallélisme évident pour nous, et je vis dans plus de 100 m2 sur les toits de Ganshoren, véritable village en ville, avec 2 terrasses et 2 chambres. Belle revanche. Je ne me suis jamais aussi bien sentie chez moi. Le.la Covid n'effacera pas ça, au contraire, la pandémie a renforcé ma fureur de vivre exactement comme je l'entends et pas autrement, ma rage de vaincre, et ma capacité de pouvoir me réfugier dans ma sécurité. Celle qui m'aura manqué jusque-là mais si précieuse maintenant.


"J’adore les plaisirs simples. Ils forment le dernier refuge des âmes complexes". Oscar Wilde



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