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Live by the sun, love by the moon

  • Photo du rédacteur: LadyBaroudeuse
    LadyBaroudeuse
  • 25 févr. 2020
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 juin

Dans cette vie de dingue, à côté du précepte d'attitude positive, coller un post-it sur le frigidaire pour se rappeler de prendre du temps pour soi. Pas cinq minutes, pas une heure, pas un jour, pas seulement l'écrire et se le dire, mais le faire ; vraiment se consacrer du temps à soi dans cette course folle contre la montre, sans le compter. Et à partir de maintenant régulièrement, vu que l'enfant est grand. Etre égoïste. Pour changer. Sans culpabiliser. Inspirer. Souffler. Respirer. Dormir. Bien manger. En machant les aliments. Lentement. Très lentement. Car c'est meilleur pour la digestion. C'est donc ça le diagnostic...L'indigestion. C'est tellement rempli, ingurgité en énorme quantité, de mauvaise qualité et à très grande vitesse....sans garde-fous. Ce qui doit arriver, arrive.

"Mon passe-temps favori, c'est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps." F. Sagan

L'expression, bateau, est toute relative. Prendre le temps. Facile à dire. Jusqu'à en rire. Pour ne pas en pleurer. Car très difficile à faire.

Les couples qui vivent ensemble ont le doux privilège de pouvoir se répartir les tâches du ménage et la logistique de la famille, ce qui leur laisse des plages horaires de loisirs non négligeables, en plus de revenus confortables. Les parents séparés qui ont une garde alternée avec frais partagés ont toute une semaine ou à tout le moins un week-end entier pour eux et seulement pour eux. Pour leurs amis. Pour ce qu'ils veulent. Pourvu que ce ne soit pas pour les corvées et les contraintes de la vie quotidienne. L'ouvrier qui travaille à la chaîne chérit la cigarette qu'il va fumer pendant son quart d'heure. Il se lève à 4h, finit à 16h et sieste dès qu'il rentre. Sa femme le comprend et le laisse. L'infirmière ou le pompier qui fait 3 ou 4 shifts de nuit d'affilé a hâte d'avoir ses 3 jours de récupération. Temps durant lequel tout l'entourage sera aux petits soins, car il comprend ce qu'est être au service des autres.

Lorsqu'on ne rentre dans aucune de ces cases, dont la liste est non exhaustive, parce qu'on n'a pas ou peu de famille, parce qu'on élève un enfant seul.e plein temps, parce qu'on n'a forcément pas les moyens, parce qu'on n'a ni voiture ni femme de ménage, parce qu'on n'est pas parti en vacances depuis une dizaine d'années, parce qu'on a une calculatrice dans la tête en permanence, .... on connaît le prix de chaque chose, au propre comme au figuré. On sait ce que c'est que de vraiment se serrer la ceinture. En baissant son pantalon parfois, pour garder une vie décente et digne. On fraude sur des petites choses, on se tait sur des grandes. Echange de mauvais procédés. On voit le monde sous un autre angle. On ne croit pas facilement ceux qui disent compatir et avoir aussi difficile alors que dès qu'on rentre dans leur salle de bain, ils ont des produits de marque. Dans leur cuisine, un frigo bien rempli. Dans leur salon un écran plat, une tablette et un portable. Toutes les assurances, dentaire y compris. Il y a difficile et difficile. Il y a vrai problème et problème de luxe. Il y a se priver d'un resto et devoir vendre la console de jeux de son enfant. Etre fatigué par on ne sait quoi et être las d'être sur tous les fronts, parce qu'on n'a ni le temps ni l'argent.

C'est fou de remarquer le degré de pression sociale qu'on nous impose dès la naissance. Il vaut mieux fréquenter les "bonnes" familles, aller à l'école catholique puis à l'université, avoir un job à la hauteur des attentes des parents, se marier avec un bon parti, avoir des enfants mais pas plus de deux, allaiter le plus longtemps possible, mettre bébé en crèche pour sociabiliser, faire le plus d'activités extrascolaires possibles,...

Si il y a des bonnes choses dans cette façon de faire, certaines sont obsolètes et à aucun moment on ne s'est écouté soi-même. On a fait qu'écouter les autres. La pression sociale est comme le marketing dans cette société capitaliste : elle s'insinue insidieusement à l'insu de notre plein gré...et on s'étonne que ça se termine en trop plein lorsqu'on se rend compte que nos propres désirs ont été étouffés et que peu de choses, peu de choix nous correspondent vraiment. Puis on attire ce qu'on est, à un moment donné. Et ce n'est pas forcément juste et équilibré.

J'ai souvent été le pilier des autres, selon leurs propres mots, et je me rends compte aujourd'hui que moi je n'ai jamais eu aucun pilier.

Un pilier est un soutien fiable, sur lequel on sent qu'on pourra toujours s'appuyer, se protéger de tout, coûte que coûte, quoiqu'il arrive. C'est une bouée de sauvetage gonflée à bloc et disponible en permanence, une oreille attentive, souvent empathique et compatissante, stable. Un point de repère, de confiance. Et je n'ai jamais eu le mien. Ni dans ma famille, ni dans mes amis, encore moins dans ma vie pro. Car peut-on à la fois être le pilier de quelqu'un et que ce quelqu'un le soit en retour pour nous ?

Quand un psy. m'a dit de penser à moi il y a une dizaine d'années c'est donc ça qu'il voulait dire.

A priori si je vais dire à mes proches que je n'ai pas de pilier, ils vont directement me dire que c'est de ma faute car je suis dans le contrôle et je ne fais pas facilement confiance. C'est un raccourci facile même si il n'est pas tout à fait faux. Car d'où me vient ma façon d'être et de faire ? De mon éducation et de mon parcours.

Les premiers piliers sont les parents. Mon vrai père m'a abandonné et je n'avais pas de réelles affinités avec mon beau-père, sans même tenir compte de tout ce qui s'est passé ensuite. Avec ma mère ça a toujours été un peu compliqué. On se parlait, mais on ne s'écoutait pas et on ne se comprenais pas, sauf les dernières années. C'est comme ça. Conflits de générations et backgrounds différents. Du coup on pourrait se dire que j'avais d'autres possibilités : me rabattre sur un oncle, une tante, un grand-père ou une grand-mère. Et bien non. Je n'ai ni sœur ni frère, encore moins de famille avec laquelle j'ai pu bâtir une relation solide. C'est pour cette raison que j'ai toujours essayé de me créer un entourage que je considérerais comme ma famille. J'ai tenté et réussi des choses. Mais les amis ne sont pas la famille. On peut le croire et l'espérer très fort, mais un.e ami.e comprendra rarement tout le cheminement d'une vie qu'il. elle n'a pas vécu. Ce n'est la faute de personne. C'est la vie. Pas le paradis. On ne peut pas être et avoir été. Sauf que moi j'y suis obligée pour pouvoir avancer.

Idem dans ma vie professionnelle. J'ai toujours dû prouver mes compétences et capacités, sans réelle confiance et reconnaissance en retour. Encore aujourd'hui. J'ai toujours l'impression que je dois me mettre à genou pour mériter ma place ou attendre l'approbation de tout le monde pour faire quelque chose et ainsi éviter des situations inconfortables. C'est là en général qu'on me répond quand je l'exprime qu'une place, ça se prend. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Je n'ai plus les bons codes, si seulement un jour je les ai eus . Jusqu'ici je me suis toujours adaptée aux personnes et aux situations. Jusqu'à ce que je n'en puisse plus de devoir combler tous les manques. De vraie famille, de personnel, de psy., ...Aujourd'hui c'est aux autres à s'adapter à moi.

Je suis mon propre pilier. Il est donc normal de m'être parfois trompée. Il a toujours fallu que je prenne chacune de mes décisions seule. Pour moi mais pour mon fils aussi. Et d'autres. Ça ne m'a pas dérangée au départ. Ça a été même gai et gratifiant sous certains aspects : ça m'a donné un sentiment de liberté et de toute puissance. Mais c'est à double tranchants : aujourd'hui je suis épuisée, dépassée. Le roc que je suis est petit à petit devenu de la roche friable et elle s'est effritée. Je le sais. Je dois pardonner à certain. e.s, je le sais. Je dois me déresponsabiliser des choses qui ne me conviennent pas, plus. Je sais que je dois être à la hauteur. Envers moi cette fois. C'est dans l'ordre des choses.

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