Mon fils va sur ses 21 ans. Il a été à l'école en néerlandais, parle le français, le néerlandais, l'anglais et le vietnamien. Dès qu'il a eu son CESS, sans jamais doubler, il a tenté des études supérieures en Communication et un peu voyagé. Manuel autant qu'intellectuel, il a préféré ensuite commencer à travailler, ce qu'il fait depuis presque 2 ans, en CDI.
J'ai 45 ans, je me suis séparée de son papa sans jamais me remettre en ménage lorsque mon fils n'avait pas un an, je l'ai donc élevé seule et à plein temps. J'ai un CV de 5 pages en Word, d'une seule au format Powerpoint, j'écris depuis que je sais tenir un stylo dans la main et je blogue depuis 2004-2005.
Je pousse un coup de gueule ou je pousse un coup de gueule ? Je pousse un coup de gueule. Un vrai. Pas directement sur les réseaux sociaux, où tout le monde critique, interprète et reformule tout, experts autoproclamés, en ne lisant en général que le titre. De façon indirecte, il faut cliquer, ce qui relève déjà de l'effort surhumain, pour certains. Et pas sur la Covid, la météo ou les travaux urbains, pour alimenter les conversations de couloir. Non. Sur les vrais problèmes. Qui fâchent, forcément. Sur ces jeunes d'abord, millenials (nés dans les années 90), qui se croient tout droit sortis de la cuisse de Jupiter. Ils ne savent pas aligner 3 phrases sans l'aide de Google, ne veulent pas d'enfants sous la fausse excuse d'un monde qu'ils rejettent mais sous la vraie raison d'égocentrisme, véritables princes et princesses que les parents conduisent et viennent chercher sur leur lieu de travail car ils refusent de prendre les transports, en traînant les pieds. Ils ne savent ni s'orienter ni cuire un œuf et encore moins utiliser les appareils électroménagers, narcissiques, instables et assistés...mais ils ont le culot de t'évaluer, te dicter ton attitude et ta conduite comme si ils avaient inventé le net alors qu'ils ont un CV aussi court que les connexions qui se font dans leur cerveau. Trop rares sont les exceptions, confirmant la règle.
Coup de gueule aussi sur ce système fédéral, typiquement belge, à 20.000 intermédiaires et autant de couches régionales et communautaires, qui m'ont personnellement empêché maintes fois tout au long de mon parcours de vie, ainsi qu'à mes proches, d'être assez informée, donc d'être administrativement en ordre, jusqu'à avoir une incidence directe sur le paiement de mon loyer, de mes factures, de mes abonnements et de mes courses du ménage. Pour garder ma dignité, car dans certaines situations c'est tout ce qu'il nous reste, je n'irai pas plus loin, alors que j'ai toujours suivi toutes les procédures, que je maîtrise aujourd'hui, à force. Je pense peut-être le rajouter sur mon CV...non, je ris. Jaune. Ce n'est pas parce qu'on écrit sans fautes, qu'on parle bien et qu'on garde la tête haute devant, qu'on ne morfle pas "grave" derrière. Et ce n'est pas parce qu'on fait de la liberté sous toutes ses formes son leitmotiv, qu'on doit tout supporter, sans broncher. Pourquoi toujours tout devoir négocier ? Se rabaisser ? Taire ? Préférer sourire que pleurer en société est un choix délibéré et ... salutaire.
"Il n'existe pas d'autre voie vers la solidarité humaine que la recherche et le respect de la dignité individuelle". Pierre L. Du Nouy
Coup de gueule enfin sur ce système économique dans son ensemble, incohérent pour le citoyen lambda de la classe moyenne, à multiples vitesses à tous les niveaux (accès à un logement décent, à la salubrité, au minimum de confort, à l'enseignement, au travail, à la médecine, aux technologies, ...), qui enfonce les familles monoparentales, les poussant vers la pauvreté et privilégiant les autres. Des statistiques, des articles de presse, des conférences et des campagnes sur le sujet (faits en majorité par des personnes vivant dans l'opulence avec condescendance, quelle légitimité !), il y en a à la pelle, tous les jours. Et à chaque fois, comme si c'était nouveau et que ça sortait du chapeau. Ça fait pleurer dans les chaumières, ça booste les clics et les egos, surdimensionnés...Mais depuis 20 ans, c'est davantage de blablas que d'actions concrètes dont nous sommes inondés, jusqu'à l'overdose. J'ai encore les 19 lettres que j'ai envoyé, fraîchement séparée, aux 19 communes de Bruxelles pour avoir un logement social. J'ai toujours trop gagné (...) et je ne rentrais jamais dans les conditions à remplir pour pouvoir en bénéficier (liste de points, auxquels il faut répondre aux trois-quarts). Idem pour ma maman, invalide et isolée depuis près de 15 ans. Au lieu de parler de ce que vous ne vivez pas ou n'avez jamais vécu, Mesdames et Messieurs, agissez. Ou taisez-vous. Car publier que la précarité augmente d'un côté mais que le belge a davantage économisé cette année de l'autre est d'une incohérence sans nom. Et d'une irrévérence...On ne parle bien que de ce qu'on connaît bien.
"Si aider les autres vous paraît trop difficile, essayez au moins de ne pas leur nuire". Dalaï Lama
Les mots ne sont pas trop forts. Et je ne parle pas des (in)compétences. Enfin si, discutons-en justement. Car au-delà des politiques, il y a la non-compétence de ces (sur)diplômés qui se disent à notre service, mais qui manquent cruellement de jugeote, d'humanité et d'humilité. Après avoir surfé sur le net, tapé x numéros sur le clavier de notre smartphone et finalement réussi à parler à un humain...on n'a toujours pas de vraie réponse à notre non moins vraie question. On se retrouve à constater que le citoyen fait tout le travail des organismes en amont, en aval, en passant par toutes les diagonales. Est-ce pour gagner du temps car le temps, c'est de l'argent ? Est-ce par incompétence ? Est-ce par mauvaise foi et fainéantise ? Tout cela à la fois. Le comble, c'est qu'au lieu de se remettre en question, ils nous pointent encore du doigt. Même pas honte.
"Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît." M. Audiard
Je n'ai QUE mon CESS .... mais des formations, une expérience et un parcours qui me permettent aujourd'hui avec humilité de faire la différence entre éducation, connaissance et intelligence. Et aujourd'hui, la majorité manque foncièrement des 3.
"On peut s'inquiéter de la place toujours croissante que prend l'intelligence artificielle dans notre vie quotidienne. Mais rassurons-nous, la connerie, elle, sera toujours authentique". G. Lacroix
Tcheu ! Que ça fait du bien ! C'est dit, c'est écrit et demain, c'est reparti !
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