J'adore la vie que je me suis aménagée (parée. A tout affronter).
J'adore mon job. Depuis 3 ans, et si tout va bien, jusqu'à la fin de ma carrière. Dans le domaine de la recherche scientifique, dans le service public (qui dit finalement bien ce qu'il veut dire : au service du public, on a tendance à caricaturer et à l'oublier. Alors que ça se mérite : les procédures et tests ne sont pas une évidence, nous n'étions que 2 à avoir réussi pour mon poste, sur 600). Avec des responsabilités limitées, pas trop grandes. Juste ce qu'il faut. Histoire que ça ne me dévore ni mon temps, ni mon énergie, encore moins intégralement de l'intérieur. C'est du déjà connu. Du déjà vécu. A 23 ans, j'étais responsable d'équipe. Ca faisait déjà 8 ans que je travaillais comme étudiante pendant l'année (bonne nouvelle, c'est repris pour ma pension car hors vacances scolaires). Palier aux manquements, gérer les plannings, les présences, les absences, le stock, la pénurie de marchandises, les échanges, les erreurs, les compétences, les incompétences, l'administratif et le terrain. En plus de ma casquette de maman solo un peu plus tard dans le temps. Sans voiture. Sans aide. Ou alors ponctuelle. Deux jobs à temps plein. Et pas n'importe lesquels. Deux postes à responsabilités illimitées, puisque tout ou presque ne repose que sur 2 petites épaules. Merci. Mais non merci. Je ne me plains pas, j'ai fait le bilan depuis très longtemps. Je ne regrette rien, au contraire, ça m'a formé. Et forgé. Et j'ai fait un tas de rencontres, dont je garde quelques amis et un beau réseau. Mais j'ai donné plus que la moyenne.
Je n'ai absolument rien refusé jusqu'à mes 45 ans : les heures supp., les soirées, les week-ends. Pas de vacances pendant 15 ans. Les jobs ingrats où on te prête un pc et un téléphone, dont on paie les factures, en contrepartie d'une permanence que tu aurais bien du mal à refuser. Arriver juste avant la fermeture de l'école en sueur (parce qu'on avait encore un appel pro à terminer pour arriver à l'objectif du jour) et chargée comme un mulet (car on a fait les courses fissa en chemin, plus pratique), courir après les transports en commun (car même en planifiant tout, l'imprévu est omniprésent), ne plus avoir de pain ou de lait le soir car trop tard (rayons des magasins vides après 18h)...bref, tout voir, tout entendre, tout faire, tout comprendre...et tout gérer. Tout subir, en fin de comptes, surtout. A tout (vouloir ? devoir ?) contrôler, on le perd, le contrôle.
Après quelques pétages de plombs inévitables, j'ai enfin pensé un peu plus à moi. J'ai arrêté de considérer que c'est l'employeur qui me faisait une fleur en m'embauchant, et j'ai commencé à me dire que c'est moi qui étais un plus, une valeur ajoutée. Avec mon expérience de touche-à-tout, mes différentes formations, ma faculté à m'adapter, à faire face aux problèmes et ma facilité à apprendre. J'ai cependant revu mon poste et mon salaire à la baisse car j'ai réalisé que je préférais la qualité de ma vie à tout le reste. Et ça n'a pas de prix.
J'adore mon pays. J'adore être belge. Même si on est l'un des pays les plus taxés au monde, on est aussi celui avec l'un des meilleurs systèmes sociaux et où il fait bon vivre (je connais nombre d'expatriés qui reviennent en Belgique pour être soignés et bénéficier de notre système). Le belge ne se prend pas au sérieux. Je ne fais pas exception à la règle.
Pour la 1ère fois depuis très longtemps, j'ai regardé le Bal national, le défilé du 21 juillet, puis le concert au Parc du Cinquantenaire, depuis mon canap'.
Ok, c'est vrai je cogite un peu, je prends mes renseignements à gauche à droite. J'ai discuté avec des amies et une assistante sociale du service social de mon travail. Même si ma décision est prise de tout enlever, il faut y réfléchir et s'informer, et bien le faire. Pour ne rien regretter.
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